Histoire du puits de La Bardinerie

 

 

 

 

 

Par-devant Me Auguste Philippe FOURRE notaire à Saint Julien l’Ars (Vienne), assisté de MM. Louis CHICARD, marchand et Jacques BRECHON, aubergiste, demeurant les deux séparément au même lieu, témoins instrumentaires tous soussignés.

 

 


Ont Comparu :

1° Le sieur Jacques GAILLARD , fermier, demeurant à la Mastalière, commune de Jardres.

2° Le sieur François BERNARD, propriétaire cultivateur

3° Le sieur Célestin MAIRE , cultivateur propriétaire

4° Le sieur André LUSSEAU, cantonnier

5° Le sieur Jacques Louis FOMBEURRE, propriétaire cultivateur

6° Le sieur Jean MESMAIN, propriétaire cultivateur

7° Le sieur Pierre PETIT, tonnelier

8° Le sieur Xavier Louis François GUINET, propriétaire cultivateur, demeurant tous mais séparément à la Bardinerie, commune de Jardres.

9° Le sieur Pierre Louis PELLETANT, fermier, demeurant à l’Ormeau dite commune de Jardres. Tous d’une part.

10° Le sieur Louis LAVAULT, puisatier, demeurant au chef lieu de la commune de Saint Julien l’Ars………d’autre part.

Lesquels ont fait entre eux le marché suivant :

 

Article premier

Le sieur LAVAULT, s’oblige à faire pour le compte des sieurs BERNARD, GAILLARD et consorts, à creuser, maçonner, en un mot achever dans les règles ordinaires, un puits sur un terrain communal situé au village de la Bardinerie.


Article deux

L’entrepreneur devra commencer immédiatement la confection de ce puits et de l’abandonner que lorsqu’il sera achevé et qu’il fournira de l’eau en qualité et en quantité suffisante, enfin, qu’il sera accepté par deux experts désignés contradictoirement par les parties et qui, en cas de désaccord s’en adjoindront un troisième nommé soit par eux, soit à leur défaut par le Juge de Paix du canton ; lors de cette acceptation il devra y avoir au moins deux mètres d’eau dans le puits. Dans le fond du puits il fera une cachette d’un mètre soixante-dix centimètres de hauteur sur un mètre de longueur et de largeur.

 

Article trois

Dans  le cas ou le sieur LAVAULT, abandonnerait le travail avant son complet achèvement et huit jours après une simple sommation de continuer, restée sans effet, toute portion du prix restant demeurera irrévocablement acquise aux propriétaires qui auront dès lors le droit de traiter avec tels autres entrepreneurs qu’ils voudront, sans autres formalités.

 

Article  quatre

Tous les matériaux nécessaires à la confection du dit puits seront fournis au sieur LAVAULT par  les propriétaires et rendus par eux au lieu de l’emploi, la margelle sera seulement creusée et posée par l’entrepreneur, tous les outils et le matériel nécessaire à la confection du dit puits seront fournis par le sieur LAVAULT et à ses frais. Ce puits devra avoir au moins un mètre trente-trois centimètre de diamètre.

 

Article cinq

Ce marché est en outre fait et accepté à forfait moyennant un prix de vingt-quatre francs pour chaque mètre de travail à partir du niveau du sol jusqu’au fond du puits ; ce prix sera payé au sieur LAVAULT de la manière suivante : deux cents francs lorsque le travail sera rendu à seize mètres soixante-dix centimètres de profondeur, et quatre cents francs, à trente –trois mètres trente-deux centimètres, également de profondeur et le surplus sera achevé et accepté.

 

Article six

Le puits une fois achevé appartiendra à la société dont les membres attribueront par égales portions aux frais d’entretiens et de réparations ; celui d’entre eux qui refuserait de payer sa part, sera déchu de son droit au puits, huit jours après une simple sommation restée sans effet et qui lui sera signifiée à la diligence du trésorier.


Article sept

Chaque sociétaire n’aura qu’un droit au puits ci-dessus à raison de la maison qu’il habite ou possède au village de la Bardinerie ; il pourra transmettre ce droit à ses héritiers par acte authentique ou par voie de succession, même l’aliéner avec la maison lui appartenant à telle personne qu’il jugera convenable.


Chacun des enfants ou héritiers d’un sociétaire en faisant bâtir sa maison sur le terrain à lui laisser par ce dernier, ou sur le terrain qu’il acquerrait lui-même, pourra avoir un droit au dit puits, comme les sociétaires actuels, en versant à la caisse commune, une somme égale à celle que chacun des comparants, aurait versée pour sa quote-part dans le prix de la confection du puits.

Aucune personne étrangère ne pourra tirer de l’eau au puits sans l’autorisation de tous les sociétaires ; toutefois chacun de ces derniers aura le droit d’admettre un de ses locataires ou fermiers même deux s’il n’habite pas le village de la Bardinerie, puiser de l’eau, mais alors la personne qui aurait deux locataires, payera à la caisse de la société, une rétribution annuelle de trois francs, attendu que chaque sociétaire n’aura ainsi qu’il est dit plus haut, qu’un droit au dit puits.


Le puits dont il s’agit sera monté au moyen d’un rouage avec une chaîne à deux seaux, il sera recouvert et refermé de murs, avec une serrure dont chaque sociétaire aura la clef.


L a somme nécessaire à la confection de ce puits sera versée entre les mains du trésorier, à savoir : cinquante francs par chaque sociétaire d’ici le quinze janvier prochain et le surplus aussitôt l’acceptation des travaux ; à défaut par l’un des sociétaires de verser cette somme dans les délais ci-dessus, il sera déchu de son droit au dit puits.


Il demeure toutefois  convenu entre le sieur LAVAULT et les sociétaires, qu’il restera entre les mains de ces derniers, pendant un délai de dix-huit  mois à compter de l’achèvement du dit puits, une somme de deux cents francs, à titre de garantie, sans intérêts au profit du sieur LAVAULT ; ce laps de temps expiré si ce puits a besoin d’être plus creusé bas, pour avoir le volume d’eau qui a été plus haut fixé( c'est-à-dire deux mètres de hauteur d’eau) ce travail ne pourra être payé à l’entrepreneur qu’au prix ci-dessus stipulé, à raison de vingt-quatre francs le mètre courant.


Article huit

A l’unanimité, les sociétaires sus nommés, nomment pour leur trésorier, le sieur François BERNARD qui accepte : Si pour une cause quelconque, le sieur BERNARD venait à résigner ses fonctions de trésorier il lui serait nommé un successeur par la majorité des sociétaires réunis en assemblée sur la convocation du plus âgé d’entre eux qui exercerait  provisoirement les fonctions de trésorier ; en cas de partage des voix à l’occasion de cette nomination, l’aîné aura voix prépondérante ; le trésorier sera seul juge des réparations, il les fera exécuter et les payera, il rendra compte chaque année de ces dépenses aux sociétaires qui pourront le remplacer quand bon leur semblera.

 

Evaluation pour l’Enregistrement.

Pour fixer la perception des droits d’enregistrement les parties évaluent à mille francs, le prix des travaux du dit puits.


Domicile

Pour l’exécution de ce que dessus, les comparants font élection de domicile en leurs demeures respectives sus dites.

 

Dont acte

Fait et passé à Saint-Julien-l’Ars en l’étude L’an mil huit cent soixante –seize

Le dix Décembre pour tous les comparants sauf le sieur MESMIN et pour ce dernier le quatorze du même mois.

Et toutes les parties ont signé avec les témoins et le notaire, sauf les sieurs LUSSEAU, MESMIN et PELLETANT qui ont déclaré ne le savoir faire de ce requit séparément après lecture faite, ainsi que le sieur LAVAULT.

La minute des présentes est signée : GAILLARD,  FOMBEURRE,  BERNARD,  MAIRE,  GUINET,  BRECHON,  CHICARD et de Me FOURRE notaire.

Enregistré à Poitiers le vingt et un décembre mil huit cent soixante-seize folio 28 verso case M

Reçu Dix francs, Décimes Deux francs cinquante centimes, signé : BONNEAU

En conséquence, le Président de la République Française mande et ordonne à tous les huissiers sur ce requis de mettre ces présentes à exécution ; aux Procureurs Généraux et aux procureurs près  les tribunaux de première instance, d’y tenir la main, à tous les commandants et officier de la force publique s’y prêter main forte lorsqu’ils en seront légalement requis.

En fois de quoi, ces présentes ont été scellées et signées par nous notaire.


Messieurs les sociétaires du puits de La Bardinerie, je vous donne ma démission de trésorier au dit puits de la Bardinerie

A la Bardinerie le six septembre 1896

BERNARD

 


Les sociétaires du puits de La Bardinerie nomment pour trésorier GUINE Sylvain en remplacement de BERNARD F.

A La Barbinerie le 13 septembre 1896

Texte reproduit conformément à l’original.


Ce puits recreusé, une première fois à 60 mètres, est aujourd’hui à la profondeur de 78 mètres.

 


 

 

Chronologie de L'histoire du puits:


Le 14 décembre 1876 : Décision de la construction du puits suivant le marché cité ci-dessus.


Le 14 novembre 1937 : Le Conseil municipal décide de mettre à l’étude un projet d’élévation d’eau  sur le puits. Il autorise le maire à traiter de gré à gré avec tous les propriétaires ayant des droits sur ce puits et de passer et de signer à ce sujet tous les actes relatifs à la vente ou à l’abandon de ces droits.

Le conseil sollicite le concours technique et financier du génie rural pour réaliser cette élévation d’eau.


Le 20 octobre 1946 : Le conseil considérant le manque d’eau dans la commune et en attendant l’adduction d’eau  décide d’installer le plus tôt possible une élévation d’eau sur le puits. Les achats et marchés nécessaires à cette élévation  sont estimés à 100 000 F.


Le 9 novembre 1946 : Le conseil fait l’acquisition d’une pompe électrique.


Le 23 novembre 1947 : La somme de 100 000 F. se trouve insuffisante par suite de l’augmentation générale des prix : matériel et main d’œuvre. Le total de la dépense, y compris les le prix du branchement)  dépasse  de 15 000 F. le montant du devis.


Le 17 février 1950 : Le puits tel qu’il existe actuellement est insuffisant pour réaliser l’adduction  et la distribution d’eau projetées dans la commune et qu’il  y a lieu d’envisager le recreuse ment du puits comme première phase des travaux. Le conseil décide de faire recreuser le plus tôt possible le puits. Le conseil en confie l’étude au génie rural et les travaux à la société « La Béarnaise ».

Le projet de recreusement entraine une dépense de 350 000 F à la charge de la commune. Pour faire face à cette dépense le conseil  vote un emprunt  par voie de souscription publique auprès des particuliers de la commune.


 

Le 15 octobre 1950 : La société « La Béarnaise » s’engage à exécuter les travaux d’approfondissement par forage. Le montant des travaux étaient  évalués à 297 000F étant entendu que ce prix était établi  d’après les  conditions économiques en vigueur au 17 juillet 1950. A fin de tenir compte de l’augmentation de la masse des travaux, le montant du marché passe de 297 000F. à 3212 127F.


 

Le 25 février 1951 : Avant l’adduction d’eau  il importait de permettre aux usagers de se procurer l’eau. Des travaux importants ont été réalisés sur le puits, installation d’une pompe et d’un réservoir.

Le pompage de l’eau entraine  des frais que les usagers s’engagent à rembourser à la commune. L’indemnité est fixée à 15F la tonne et couvre presque la totalité des frais de pompage. Ce qui représente environ 20 000 F ainsi  récupérée chaque année.


Le 14 septembre 1953 : La pompe du puits ne fonctionne plus à la suite d’une grave avarie. Les délais de réparation étant très longs, le conseil  considérant qu’il n’est pas possible d’immobiliser pendant plusieurs mois la station de pompage et  de suspendre la distribution d’eau pour les usagers,  décide d’acheter une pompe neuve pour un montant de 287 530F y compris l’installation.


26 juin 1960 : Le conseil décide de vendre la première pompe pour la somme de 300 NF.  La deuxième pompe qui n’a plus d’utilité du fait de l’alimentation en eau potable de la commune est vendue avec les tuyaux et accessoires pour la somme de 1500 NF.

 

La Béarnaise dans les années 60 installée à l'Épinoux de Jardres.

 

17 juin 1977 : Le conseil décide la mise en valeur du vieux puits par réfection de sa toiture et l’aménagement du mur d’enceinte.

Le puits en 1996

 

Le puits en 2011

 

 

Historique de l'adduction d’eau à Jardres :


Le 20 octobre 1940 le conseil demande que le projet d’adduction d’eau pour le bourg de Jardres , déjà étudier par le génie rural avant la guerre soit remis à l’étude en vue de l’aboutissement de ce projet.


Le 25 juin 1944  le conseil après avoir étudié l’avant projet présenté par les services du génie rural et après les explications des ingénieurs lors de leur visite à Jardres approuve à l’unanimité cet avant projet.


Le 23 novembre 1947 : Adhésion au Syndicat intercommunal d’alimentation en eau du département de la Vienne.


Le 12 décembre 1948 : Le conseil adopte le projet de règlement  pour la création du Syndicat d’eau.


Le 31 décembre 1948 : Après adoption du règlement intérieur par le comité du syndicat le 17 décembre, le conseil donne son adhésion, adopte et approuve ce règlement et s’engage à supporter les charges et à participer  aux bénéfices dans les termes du règlement constitutif. Le Syndicat regroupe 198 communes.

Concernant l’adduction d’eau à Jardres le conseil demande que le projet déjà établi pour le bourg soit repris et réétudié.


Le 25 janvier 1952 : il est porté à connaissance la possibilité de distribution d’eau potable dans les communes de Bonnes, Lavoux, Liniers, St Julien l’Ars, Pouillé, Sèvres Auxaumont, Jardres et Savigny l’Evescault  en utilisant l’eau d’un puits creusé dans les alluvions de la Vienne au Sud du Bourg de Bonnes par la commune de Bonnes.

Le conseil décide de  constituer avec les communes citées ci-dessus un syndicat définitif pour une distribution d’eau potable sur la commune.


Le 31 décembre 1953 : Le conseil donne son adhésion définitive au syndicat intercommunal de la région de St Julien l’Ars dont le siège est fixé à la mairie de St Julienl’Ars.


Le 5 mars 1958 : Le conseil émet un avis favorable à l’affiliation de Mignaloux  Beauvoir au syndicat intercommunal de la région de St Julien l’Ars  sous réserve que cela ne freine en rien le développement des travaux déjà prévus.

Le 30 mai 1964 : Le conseil émet un avis favorable  à l’admission de La Chapelle Moulière au syndicat intercommunal de la région de St Julien l’Ars. 


Le 11 septembre 1978, Mignaloux Beauvoir décide de se retirer du syndicat intercommunal de la région de St Julien l’Ars, ce qui sera accepté par le syndicat le 17 avril 1980.


Le 10 octobre 2000 : Par délibération, le Syndicat Intercommunal d’Alimentation en Eau Potable (SIAEP) de Saint Julien l’Ars a transféré au SIVEER à partir du 1er janvier 2001 les compétences Contrôle, entretien et exploitation des équipements, Gestion des abonnés et Assistance administrative à la gestion du service.

 

Aujourdhui le SIAEP comprend les 11 communes du canton de Saint Julien l’Ars et est desservi par 364 km de canalisation qui alimentent 6615 branchements pour 6459 abonnés.

 

 

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