Histoire du monument aux Morts

L’édification du monument aux morts a été prise en charge par un comité dont le projet reçoit l’accord de la commune par une délibération du 19 septembre 1920, approuvée par le décret présidentiel du 31 janvier 1921.

Curieusement, le croquis du projet qui représente une croix n’a été modifié, sur demande du préfet, que sur propositions.

En même temps que son accord, la commune donnait au comité une parcelle du cimetière avec ses droits pour l’emplacement du monument
















Délibération du Conseil municipal du 19 septembre 1920 sous la présidence de Monsieur Aubier, maire.

« Le Conseil municipal saisi d’une demande du Comité qui s’est constitué à Jardres pour élever un monument à la mémoire des enfants de Jardres tombés pour la Patrie, décide à l’unanimité de donner le terrain nécessaire à l’érection de ce monument (soit 25m2) dans le cimetière de Jardres. Il abandonne ainsi au profit du dit Comité les deux tiers qui lui reviennent dans le prix du terrain.

Le Conseil municipal agissant en tant que bureau d’Assistance abandonne pour le même objet et au dit Comité le tiers qui lui revient dans le prix du terrain donné ».

C'est en 1956 qu'il est déplacé  d'une vingtaine de mètre du cimetière  à son emplacement actuel en raison des travaux du redressement du CD20 qui traverse le bourg. Un nouveau mur de clôture du cimetière est construit pour la création de la place Raphaêl Guillon.



Réalisé par Raymond Dutheil de Pouillé, qui a aussi réalisé le monument aux morts de Pouillé, ce pilier commémoratif est orné d’un trophée, composé d’une couronne funéraire, d’une branche de laurier avec un rameau d’olivier et d’un drapeau en berne, sous une croix latine aux extrémités tréflées.


Le chapiteau mouluré soutient une urne voilée, motif d’inspiration religieuse, fréquent dans les cimetières (à la place du coq figurant sur le croquis).

 




Le piédestal porte l’hommage de la commune dominé par une croix de guerre dans une couronne de feuilles de lauriers animée de rubans.

Le trophée est souligné par un angle sous lequel se lisent quelques vers de Victor Hugo.






Dans la partie haute, une couronne de feuilles de lauriers

en bandeau isole la frise où sont inscrites les dates de la guerre

 

 


Les noms des morts sont inscrits sur des plaques de marbre, placées sur les parois latérales. D’autres plaques ont été rajoutées au niveau du fût, en mémoire des victimes de conflits plus récents.


L’aire du monument, adossée au mur du cimetière dont elle a été détachée forme une terrasse fermée par des murets.

 



L’urne

L’urne au sommet du monument représente un vase qui recueille les cendres des défunts. Le voile qui recouvre l’urne symbolise le mystère qui entoure la mort. L’urne est fréquente dans les cimetières comme ornement de stèle funéraire.

 

 


La croix

La présence d’une croix, symbole chrétien, sur les monuments aux Morts est illégale dans la mesure où ces monuments sont l’expression d’un hommage public. Cependant, la brutalité du conflit et la puissance de la tradition s’opposant au caractère récent de la loi de 1905 expliquent la multiplication de telles écarts. Bien souvent, il s’agit de monuments dont l’édification a été décidée spontanément par les collectivités sur des fonds privés. Malgré les semonces du préfet et quelques déclarations d’intention des édiles concernés, ces critères religieux ( croix, inscriptions) ont été conservés. La croix latine se retrouve ainsi à Jardres, Lhommaizé ou Morthemer, autant de communes qui se sont dispensées de subvention de d’autorisation.



Le nombre de victimes dès le début de la Première Guerre mondiale ajouté à la violence du conflit avec un usage jusque-là inégalé de l’artillerie qui rendit difficile, voire souvent impossible, l’identification des corps a fait naître le besoin impératif de dédier un lieu, un monument, où les familles, les communautés et surtout les vétérans puissant se réunir et rendre hommage aux morts et aux disparus.


Ce besoin s’était déjà fait sentir après la guerre de 1870, mais c’est à la suite du conflit 1914-1918 que le mouvement s’est généralisé.


Des monuments aux Morts pour la France s’élevèrent de toute part, dans toutes les communes, dès la fin de la guerre et même parfois bien avant.



Un recensement de la liste des noms inscrits sur le monument aux morts et ceux sur la plaque installée dans l’église a  permis d’identifier 4 noms supplémentaires, ce qui porte à 40 le nombre des “Morts pour la France” de la Grande Guerre.



Lieu de mémoire, document historique, patrimoine modeste, le monument aux Morts de 1914 – 1918, malgré un langage symbolique qui se veut universel, ne délivre plus le même message. Les veuves, les orphelins, les “gueules cassées” comme les combattants rescapés ne viennent plus étancher leurs larmes, crier silencieusement leur douleur, parfois calmer ou épuiser leurs colères, le temps estompe le drame familial, les témoins ont disparu.



La litanie républicaine des enfants “Morts pour la France” n’a plus cours que lors des cérémonies militaires et de commémoration. L’idée d’une Nation construite depuis la révolution française sur le mythe de la guerre révélant les plus hautes vertus civiques: courage et don de soi “Pro Patria”, se comprend plus difficilement aujourd’hui avec la disparation de la conscription, concept de guerre propre ou de droit d’ingérence.

Sources : Les monuments aux Morts de la Grande Guerre du pays chauvinois par Marie-Claude CHABOISSEAU


CÉRÉMONIES COMMÉMORATIVES DU 11 NOVEMBRE ET DU 8 MAI






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